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Enseignements du maître zen Dôgen
Shôbôgenzô Zuimonki
Traduit du japonais et commenté par le maître-zen Kengan D. Robert
Extrait N° 1
Deuxième cahier - 01
II-01 Un jour maître Dōgen a expliqué:
Dans l'histoire d'un maître zen relatée dans la « Suite des biographies des grands moines1 », on trouve l'exemple d'un moine de sa communauté qui vénérait une statuette en or et des reliques du Bouddha2. Il ne cessait de leur faire brûler de l'encens, de se prosterner devant elles et de leur faire offrande, même dans la salle d'étude3 de la communauté. Un jour le maître lui dit: « La statuette et les reliques du Bouddha, que tu vénères, finiront par t'être néfastes. » Le moine objecta. Le maître lui dit: « Ce sont des artifices du démon Papiyas4 - le perturbateur de la pratique. Jette ça tout de suite! » Quand le moine s'en alla pris d'un accès de colère, le maître lui cria dans le dos: «Ouvre donc ta boîte et regarde ce qu'il y a dedans! » Le moine toujours en colère ouvrit sa boîte et il y vit, en effet, un serpent venimeux lové.
A ce sujet, je pense que même s'il faut faire des offrandes aux statues et aux reliques du Bouddha qui seraient les restes du « Tel-quel Advenu », c'est bien sûr une vue erronée5 de penser pouvoir appréhender l'Éveil par leur seule vénération. Ce serait en faire le siège du serpent venimeux, le démon Papiyas - le perturbateur de la pratique. Quand on a vu les mérites qui existent sans contredit dans les sermons du Bouddha, le bonheur que ces derniers procurent aux humains et aux êtres célestes équivaut à avoir rencontré le Bouddha vivant lui-même. Il est vrai que faire offrande aux Trois Joyaux dans tous les mondes et s'amender de ses fautes procurent du mérite, neutralisent les fruits des mauvais actes et donnent en rétribution la jouissance d'une vie humaine ou céleste6. Toutefois c'est une vue erronée de s'attacher à l'idée d'avoir appréhendé l'Éveil grâce à cela.
Pour les disciples du Bouddha qui ont l'intention d'arriver directement au rang de bouddha en suivant son enseignement, il leur suffit de faire tous leurs efforts pour pratiquer l'Éveil en se conformant à ce qu'il a enseigné. La véritable pratique pour suivre cet enseignement, est essentiellement le recueillement « pur et nu » simplement assis7 qui est le point important de notre monastère. Réfléchissez-y.
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NOTES :
1. « Suite des biographies des grands moines» [jp. Zokukasoden] - Ce livre a été écrit par Nanshan Daoxuan [jp. Nanzan Dôsen] (595-667) à l'époque de la dynastie Tang. Il comprend 30 volumes, et fait suite aux 14 volumes des « Biographies des grands moines» [jp. Kasoden] compilées par Huijiao [jp. Ekô] de l'époque de la dynastie Liang. Il donne les biographies des grands moines à partir de la dynastie Liang (502-519) jusqu'aux années du début de la dynastie Tang (627-649). Retour au texte
2. Les reliques d'un Bouddha [sk. sharira] sont des cristaux pourpre qu'on découvre dans les cendres à la suite de la crémation d'un bouddha. En Chine et au Japon on affirme en trouver dans les cendres des grands religieux. Retour au texte
3. Salle d'étude de la communauté [jp. shuryô]- Dans les monastères, à côté de la Salle monastique [jp. sôdô] où les moines pratiquent le recueillement assis, mangent leurs repas et dorment dans le silence absolu, il existe une salle d'étude commune où les moines lisent les textes sacrés, écrivent, ravaudent leurs vêtements, prennent le thé, font la pause, etc. Sur l'autel de cette salle se trouve la statue du bodhisattva Avalokitesvara [jp. Kannon]. Retour au texte
4. Papiyas (en sanskrit) [jp. Tenma Hajun] - Le roi des démons du sixième ciel. Il tient le plus haut rang des acteurs du monde des désirs. Retour au texte
5. Vue erronée ou illusion - Ce sont toutes les vues et considérations qui forment les liens de renaissance à la vie phénoménale dans ce monde de souffrance. Parmi les vues erronées dénoncées par le Bouddha comme étant néfastes, il y a celle de croire que la salvation peut venir de la pratique superstitieuse d'un culte. Retour au texte
6. Vie humaine ou céleste - Le cycle des réexistences et des morts (samsara) peut se produire dans six mondes possibles selon la gravité des actes commis pendant les existences précédentes: l'enfer, le monde des esprits faméliques, le monde des animaux, le monde des esprits démoniaques, le monde humain, le monde des êtres célestes. La réexistence dans les deux derniers est considérée comme étant la meilleure puisqu'elle permet d'entendre la parole du Bouddha. Cependant seule une existence humaine permet de la mettre en pratique dans les trois actes de la pensée, de la parole et du comportement qui donneront libre cours à l'aspiration à l'Éveil, qui conduit à la délivrance du cycle de réexistences et de morts dans les mondes de souffrance. Retour au texte
7. Le recueillement « pur et nu » seulement assis - En japonais shikantaza : « seulement s'asseoir ». Voir les explications dans l'Introduction. Retour au texte
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